Plus de 3 mois après l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende, le mystère persiste sur le contexte dans lequel il a disparu ainsi que les responsables du meurtre. Jusqu’ici, les enquêteurs qui ont été chargés d’élucider le dossier n’ont pas pu apporter de lumière.
Par contre, la justice congolaise détient Stanis Bujakera Tshamala. Le correspondant de Jeune Afrique qui est soupçonné d’avoir créé un document sur la mort de l’ex-ministre des Transports risque d’être le plus grand condamné dans cette affaire alors que les vrais commanditaires courent toujours dans la nature. Pourtant, le journaliste a toujours plaidé non coupable, surtout pour un article qu’il n’avait pas signé et qui a précipité son transfert à la prison de Makala.
Le député Claudel Lubaya n’en revient pas. Il considère que Stanis Bujakera est une victime expiatoire du régime de Kinshasa grâce auquel la manipulation, le mensonge, l’arbitraire, l’hypocrisie, les courbettes et la calomnie ont élu domicile au pays.
« Étrangement accusé de propagation de faux bruits dans une affaire où l’Etat et son appareil sécuritaire peinent à se disculper, Bujakera fait désormais partie de ces victimes expiatoires de la manipulation, par sa rigueur dans le traitement de l’information et par son professionnalisme éprouvé. Égal à lui-même et prisonnier de la déontologie journalistique, il n’a cessé d’éclairer l’opinion en dépit de menaces et d’autres intimidations », écrit l’opposant.
André Claudel Lubaya regrette que depuis l’arrestation du Directeur de publication adjoint d’Actualité.cd, « le vide est perceptible, dans un univers médiatique en pleine turbulence et que ses informations certifiées manquent à tous »
Le député national croit en l’innocence du journaliste puis soutient que sa place n’est pas en prison, même si le déni de réalité est devenu la seconde peau de la République. Il note que ceux qui méritent le châtiment de la République sont libres de tout mouvement.
« Qui ignore qu’au cours de ce quinquennat qui s’achève, tous les récits des crimes les plus abjects aussi bien économiques, financiers que de sang ont été battus et curieusement, à ce jour, personne n’est en prison? Des morts suspectes, il y en a eu. Des massacres de Goma, certains sont en liberté. Des détournements spectaculaires, il y en a eu. Des marchés de gré à gré, avec des retro-commissions légalisées, ça pullule et c’est connu. De la prédation à ciel ouvert, c’est connu », dénonce l’acteur politique.
Puis en même temps, Lubaya rappelle que des ressources naturelles de certaines provinces ont été accaparées, la délinquance financière a été entretenue et banalisée sur fond de dépassements budgétaires innommables
À l’occasion, il regrette que Stanis Bujakera soit ainsi humilié. Il suspecte une main noire derrière la détention du correspondant de Jeune Afrique et exige sa relaxation.
« A la veille des élections, pourquoi humilier et martyriser Bujakera, un pauvre journaliste, jusqu’à lui refuser le plus légitime de ses droits, à savoir la liberté, même provisoire ! À qui profite sa détention ? À qui profite son arrestation ? À qui profite cet acharnement sur sa personne ? À qui profite l’accusation portée contre lui ? Qui a besoin de survivre par l’arrestation de Stanis Bujakera ? Et en attendant, où en est l’affaire Chérubin Okende ? Où en est l’enquête ? Où en est l’autopsie ? Qui sont les premiers suspects ? Qui sont les commanditaires de son assassinat ? Quelles sont leurs motivations ? Je m’associe à plusieurs autres voix qui ne cessent de s’élever pour exiger la libération sans condition de Stanis Bujakera », chute l’opposant.
A Reporter sans frontières, Stanis Bujakera a mentionné que son arrestation visait à taire la presse.
« Mon emprisonnement est un teste pour l’avenir du journalisme indépendant en RDC. Le moral est là. Il est hors de question que je cède pour des accusations imaginaires », a-t-il dit.
Le journaliste a été arrêté depuis le 8 septembre et est détenu à Makala. Toutes les demandes de liberté provisoire qui sont été sollicitées ont été rejetées.
Charles Mapinduzi