La prise de position des autorités congolaises sur la situation sécuritaire du pays est sujette à de vives polémiques aussi bien sur les médias sociaux que dans la zone en guerre au Nord-Kivu.
Alors que des localités entières sont sous menace du M23 et que la ville de Goma est totalement asphyxiée, étouffée, isolée et presque coupée du reste du pays, le gouvernement semble prendre tracer uniquement comme ligne rouge la prise du chef-lieu du Nord-Kivu pour frapper plus fort.
De Lutundula à Patrick Muyaya, en passant par Jean-Pierre Bemba jusqu’à Félix Tshisekedi, tous brandissent la menace de réagir farouchement au cas où Goma tomberait entre les mains ennemies.
« Sur ce, le conseil supérieur de la défense, après avoir entendu toutes les parties et tous les commandants, a lancé un message à la population que tout est mis en œuvre pour que Goma ne puisse pas tomber. Tout est mis en œuvre sur la défense de la ville de Goma« , a réitéré Jean-Pierre Bemba à l’issue d’un échange du Conseiller supérieur de la Défense le lundi dernier autour de Félix Tshisekedi.
Aussi stratégique qu’elle soit, la ville de Goma a des Congolais qui ne sont pas plus importants que ceux de ces entités déjà prises par le groupe armé pro-rwandais.
Dans le Rutshuru, le Masisi et dans une partie du Nyirangongo, des populations vivent des conditions inhumaines inacceptables. Depuis 2 ans, la partie congolaise n’a pas réussi à mettre fin à l’aventure M23 et ces Congolais semblent bien abandonnés à leur sort alors qu’ils ont les mêmes droits.
Par ailleurs, d’importants enjeux économiques entourent la zone sous occupation. Le Masisi minier, le Rutshuru avec ses frontières dont Bunagana, échappent désormais au trésor public congolais; une importante perte pour la République.
Mais, en dépit de tous ces facteurs, Kinshasa ne semble nullement ébranlé. La situation s’est normalisée et rien de plus concluant n’est fait pour changer la donne, libérer les espaces conquis et sauver les Congolais en souffrance. La seule attention est fixée sur la ville de Goma qui, par ailleurs, est d’ores et déjà asphyxiée, étouffée et isolée du fait de la prise des localités qui l’entourent. Car, Goma semble déjà pris, même si le M23 n’est encore à quelques kilomètres, tellement la ville a du mal à respirer suite à la guerre.
Charles Mapinduzi