Le degré d’inattention des autorités congolaises vis-à-vis des situations dramatiques que traversent les populations inquiète de plus en plus. Alors que les Congolais crient misère, les dirigeants sont dans l’euphorie la plus totale, coupée de toutes les réalités.
Le peuple est-il toujours au centre de leur gouvernance? La question mérite légitimement d’être posée. En effet, dans la nuit du vendredi 13 octobre dernier, une baleinière dite Mapamboli qui avait à son bord 380 passagers et plusieurs marchandises a chaviré à Mbandaka.
La Croix-Rouge locale a dressé un bilan de 30 morts, 167 disparus, 189 rescapés et des tonnes de marchandises noyées. L’opposant Moïse Katumbi, lui, parle de 57 décès et 120 disparus alors que les recherches se poursuivent pour tenter de repêcher d’autres corps.
Mais, à Kinshasa, en dépit du drame et de l’effroi provoqué, des vidéos montrant le chef de l’Etat congolais en liesse, dans des cérémonies festives, ont envahi les médias sociaux depuis le samedi dernier. Celles-ci laissent les Congolais sans mots. Visiblement, le dirigeant congolais n’est pas touché par l’ampleur de la tragédie qui aurait pourtant pu arrêter la vie au pays.
L’ex-gouverneur du Katanga qui a regretté ce triste événement charge le gouvernement congolais qui n’a pas su prévenir en mettant à la disposition des bateaux dignes, y compris des gilets de sauvetage. Il note que les Congolais ont été abandonnés.
« Ce drame est la conséquence directe de la démission du gouvernement qui tolère la navigation nocturne d’embarcations vétustes et surchargées sur lesquelles, au risque de leur vie, nos compatriotes embarquent sans gilets de sauvetage. Incapable de porter secours aux naufragés, les services de l’Etat ont une fois de plus failli à leur mission. Après avoir sillonné les rives du fleuve Congo sur plus de 800 kms, j’ai rencontré nos populations totalement abandonnées et livrées à elles-mêmes. Je salue leur courage et leur résilience. Elles ne doivent pas perdre espoir. Un nouveau Congo est possible », a-t-il écrit.
Jusqu’ici, à Kinshasa, silence radio. Ni les condoléances, ni les mesures pour aider les autorités locales à repêcher les victimes n’est encore sorti de la bouche des dirigeants placés au haut sommet de l’Etat. Un silence assourdissant pèse encore sur le dossier.
Charles Mapinduzi