Le départ de l’EAC arrange-t-il la République démocratique du Congo ? En première vue, on répondrait par l’affirmative. Car, depuis son avènement sur le sol congolais, cette force est-africaine est restée inopérante et n’a apporté aucun plus à l’amélioration de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu où elle a été déployée.
Mais en même temps, certains contingents dont les Ougandais et les Kenyans ont même été soupçonnés d’avoir eu des connivences avec l’agresseur. C’est donc au regard de ces considérations que l’on est tenté d’affirmer que la fin du mandat de l’EAC sur le sol congolais est avantageux.
Quoi qu’il en soit, cette force a permis au M23 de ne pas avancer grâce aux zones tampons qu’elle a imposée dans plusieurs localités, même si bien évidemment, la République démocratique du Congo s’attendait plus à des troupes offensives.
Cependant, aujourd’hui, les autorités congolaises ont décidé du départ de l’EAC du sol congolais. Les Kenyans, les Soudanais et les Burundais avaient déjà fait leurs valises. Puis, les Ougandais devraient s’en aller dès ce mardi 12 décembre, sauf changement.
Ce qui était prévu, c’était une sorte de remise-reprise entre l’EAC et la SADC. Malheureusement, cette dernière n’est toujours pas encore au Nord-Kivu. Ce qui fait que le retrait de la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est crée un véritable vide dans les zones qu’elles occupait.
Pourtant, l’armée congolaise y est également absente. Et, les autorités congolaises n’ont pris aucune précaution pour que les localités jadis occupées par l’EAC puissent être reprises aussitôt par les FARDC. Par conséquent, cette sorte de remise-reprise semble plutôt avoir lieu entre l’EAC et le M23.
En effet, en l’absence des forces loyalistes, le groupe armée rwandais est en train de profiter pour contrôler à nouveau ces cités et villages. Par exemple, ce mardi, le contingent ougandais devrait se retirer des cités importantes de Kiwanja et Rutshuru, en territoire de Rutshuru. Et sans aucune forme de procès, le M23 pourrait s’y réinstaller officiellement.
Par conséquent, au lieu de saluer le retrait de l’EAC, sa présence semble avoir été plus importante que son absence. En cause, le tâtonnement et le populisme des dirigeants congolais qui se sont limités à exiger le départ des troupes est-africaines sans préparer la révèle.
Charles Mapinduzi
