A quoi jouent les États de la région dont certains sont directement engagés au Nord-Kivu contre le M23? D’Esdras Ndayishimiye du Burundi à Museveni de l’Ouganda en passant par Samia Suluhu de la Tanzanie ou encore William Ruto du Kenya, tous les chefs d’Etat de la communauté d’Afrique de l’est sont d’accord pour un dialogue direct entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23.
Pourtant, à ce sujet, la position de Félix Tshisekedi est claire : il n’est jamais question et encore jamais, de négocier avec ce groupe armé qu’il considère comme terroriste et non congolais. D’ailleurs, les pourparlers dans ce sens sont aujourd’hui au point mort, car les autorités de Kinshasa ne partagent pas la même démarche que les organisations régionales.
Malheureusement, hormis le régime de Kinshasa, toutes les nations amies soutiennent le dialogue comme la seule voie de sortie à la crise. Sur le terrain, les troupes de l’EAC sont amorphes et n’ont jamais tiré un seul coup de feu contre le M23 qu’elles sont pourtant sensées venir combattre.
Selon des informations parvenues à Partisan-rdc.net, devant une délégation de la commission de l’Union africaine qui a séjourné à Kampala, le président ougandais a appelé Félix Tshisekedi à dialoguer avec les rebelles. Yoweri Museveni a même minimisé les revendications du M23, sous-entendant que ce dernier ne réclamait qu’à renter dans ses villages au Congo et à être intégrés dans l’armée, pas chercher à conquérir le pouvoir politique.
Des propos qui font réfléchir 2 fois. Car, le dirigeant ougandais semble se faire le porte-parole de la rébellion, tout en minimisant les faits.
« C’est très clair. Ici, Museveni parle comme un vrai soutien de rebelles. Il les défend et on comprend maintenant pourquoi l’EAC s’est empressée à entrer dans l’Est, le fort déploiement des Ougandais et le rôle qu’ils y jouent. On comprend aussi les réticences de la Tanzanie et aussi pourquoi la SADC reste à ce stade un projet illusoire », commente un Congolais, ressortissant de l’est.
Le feuilleton risque d’être long. Les autorités congolaise ne veulent pas négocier avec le M23 mais en même temps, sur le terrain, rien n’avance sur le plan militaire. Au lieu de combattre, l’EAC a plutôt constitué des zones tampons, empêchant ainsi les FARDC poursuivre les hostilités.
Par ailleurs, tous les États, généralement ceux de l’EAC donnent l’impression de jouer la même partition avec le M23. Le lundi dernier, toujours à Kampala, Uhuru Kenyatta, facilitateur des pourparlers de Nairobi a même échangé avec les responsables du M23 en l’absence des officiels congolais.