Chérubin Okende est mort. Cependant, son sang continue de crier vengeance et son spectre plane encore, bien que trois semaines après son assassinat, ses bourreaux courent toujours dans la nature. Si les familles biologique et politique de l’ex-ministre des Transports considèrent ce meurtre comme un acte politique savamment commandité, les autorités congolaises, elles, affirment que la balle qui a achevé l’opposant venait du revolver de son garde du corps.
De cet imbroglio est d’ailleurs venue l’idée d’associer aux enquêteurs congolais des experts étrangers afin de tirer au clair les circonstances dans lesquelles l’ancien porte-parole d’Ensemble pour la République a disparu. D’abord, Kinshasa a suggéré les enquêteurs sud-africains et belges. Ensuite, le parti de Moïse Katumbi a préconisé l’intervention des USA, de l’ONU, etc. Consécutivement, le mercredi 2 août dernier, lors de la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco, Bintou Keita, cheffe de la mission onusienne, a révélé que l’ONU avait répondu oui pour des enquêtes conjointes.
Jeudi 3 août, à l’hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa, l’autopsie a bel et bien été effectuée sur le corps de Chérubin Okende en présence de la délégation sud-africaine et des experts belges. Et, les premiers résultats sont embarrassants pour les autorités de Kinshasa.
Contrairement aux affirmations de Firmin Mvonde, Procureur général près la Cour de cassation qui a affirmé que l’ancien député avait été tué par une balle venant de l’arme de son garde du corps, il a plutôt été établi que Chérubin Okende avait d’abord été tué puis tiré dessus par la suite.
Une déclaration qui accable la justice congolaise qui avait d’emblée orienter les regards des Congolais vers le garde du corps du défunt, soit pour brouiller les pistes et torpiller la vérité, soit pour tenter de se débarrasser très vite d’une question brûlante.
À en croire nos confrères de « Le Congo qu’on aime », dans les prochaines heures, le ministre de la justice belge Vincent Van Quickenborne aura connaissance du rapport des experts belges commis à l’autopsie. Puis, le dossier sera transmis au Premier ministre Alexander Decroo
Il est évident qu’au cas où les éléments des enquêtes se tourneraient vers un assassinat politique, le régime Tshisekedi risquera gros, surtout à cette période où le chef de l’Etat sortant tient à rempiler pour un second mandat. Et, dans ce cas, Chérubin Okende risque d’être pour Félix Tshisekedi ce que Floribert Chebeya a été pour Joseph Kabila.
Gabriel Musafiri