En se retournant dans sa tombe, Emery Patrice Lumumba se plaindrait de constater que plus de 60 ans après le combat qu’il a mené pour l’émancipation du Congo, « les richesses du pays ne profitent toujours pas encore à ses propres enfants » tel qu’il le préconisait dans ses rêves.
La République démocratique du Congo est immensément riche. Point n’est besoin de le rappeler. Des commentateurs l’appellent même un scandale géologique. Cependant, et c’est cela même le plus grand paradoxe, sa population est l’une des plus pauvres du monde, des citoyens vivant jusqu’à moins d’un dollar américain par jour.
Mais, comment en sommes-nous là ? Ces immenses ressources naturelles profitent à une minorité au sommet des institutions mais aussi à des États étrangers dont le Rwanda qui, depuis près de 30 ans, a imposé une guerre injuste dans le Nord-Kivu pour faciliter le bradage des richesses du Congo.
Au cours de cette période, dénonce Julien Paluku, ex-gouverneur du Nord-Kivu entre 2007 et 2018, Kigali a notamment réussi à arracher près de 1918 tonnes de coltan grâce à ces interminables conflits qu’il entretient dans l’est et, aussi, du fait de la porosité des frontières nationales.
Ceci, sans compter d’innombrables autres minerais importants dont l’or, la cassitérite, etc., sachant que le coltan est une matière très importante dans la fabrication des téléphones, ordinateurs, appareils sans fil, électronique automobile, circuits intégrés, turbines des moteurs d’avions, équipements industriels exposés aux hautes températures et à la corrosion, etc. Quelques opinions vont parfois jusqu’à dire que dans chaque téléphone dans le monde, il se trouve une partie du coltan congolais.
Aujourd’hui, avec la chute de la cité de Rubaya entre les mains du M23, dans le Masisi, la spirale ne fait que se poursuivre. Rubaya est considéré comme la capitale mondiale du coltan. Que l’entité soit passée sous contrôle d’une milice à la solde du Rwanda est en soi révélateur.
Pour l’actuel ministre de l’industrie qui a avancé ces chiffres, il y a un seul moyen de stopper les ardeurs du Rwanda et son insatiété à accaparer les ressources congolaises. A l’en croire, il faut l’industrialisation du secteur de 3T en RDC, « l’installation des unités de transformation des minerais qu’on appellerait « usines de tantale pour la paix » qui constituera une barrière pour le Rwanda à piller les ressources minières du sol congolais »
Il explique que des analyses ont été faites sur les effets de la guerre de l’est orchestrée par le Rwanda sous le label des rebelles du M23 et ont abouti à des thèses telles que Kigali fait une guerre par procuration en RDC depuis 1994 et profite de l’exploitation illégale des matières premières dans la région de l’est où il exerce ses exactions depuis des années.
Pour étayer sa thèse et étaler le rôle joué par Kigali dans le pillage du coltan (y compris d’autres minerais), l’ex-gouverneur du Nord-Kivu rappelle qu’à l’année 1994, le Rwanda a produit 2 Tonnes(T) lors de la prise du pouvoir par le FPR de Paul Kagame, actuel président rwandais. En 2001, 95 T, avec l’occupation de l’Est via le RCD, en 2008 100 T, période du CNDP du rebelle Laurent Nkunda qui a semé terreur et désolation dans l’Est du pays dans les Masisi et Rutshuru, en 2012, il s’agit de 150 T, en 2013, il lui est reconnu 600 T même nombre en 2014, au temps fort du M23 de Bosco Ntaganda et Sultani Makenga, et 421 tonnes entre 2016 et 2022, selon les données issues de Us Geological
Survey.
Charles Mapinduzi
