La scène est surréaliste. Les autorités de Kinshasa qui, contre toute attente, avaient été les premières à se tourner vers Kigali dès 2019, allant jusqu’à faire de Kagame leur frère privilégié, ne tolèrent plus qu’une amitié de quelque nature que ce soit soit nouée par un État du monde avec le Rwanda.
Les preuves sont cette surprenante attitude du gouvernement congolais face à des nations indépendantes qui, en principe, ont la liberté de choisir avec qui coopérer.
En effet, des convocations en série se succèdent au ministre des Affaires étrangères à Kinshasa. Christophe Lutundula tire désormais sur tout ce qui bouge.
Il y a peu, les Congolais ont été informés sur la convocation de l’ambassadeur de l’Union européenne pour des explications après que Kigali a signé un protocole d’accord sur les matières premières critiques avec le Rwanda.
A Kinshasa, on a soutenu que la démarche visait à favoriser le pillage systématique des richesses du Congo en faveur de son voisin qui lui fait la guerre à travers le M23.
Puis, dans le même cadre, le gouvernement congolais a entendu l’ambassadeur de la Belgique après le ralliement, à partir de Bruxelles, de l’ex-député Jean-Jacques Mamba à l’Alliance fleuve Congo ainsi qu’une conférence de presse qu’il a tenue dans la même ville.
Quelques semaines plus tôt, la cible fut le Kenya qui avait accueilli la formation de l’AFC par Corneille Nanga, y compris d’autres responsables du M23.
Par ailleurs, des sources concordantes rapportent que l’ambassadeur de l’Algérie en RDC a aussi été convoqué par Christophe Lutundula. En cause, il y a quelques jours, le chef d’état-major de l’armée algérienne a séjourné au Rwanda en faveur d’une coopération entre les 2 Etats. Ainsi Kinshasa veut-il obtenir des éclaircissements au sujet de ce rapprochement entre Alger et Kigali.
Dans le même contexte, c’est la Pologne qui était prise en partie, car son président s’était montré favorable à un appui à Kagame si jamais le Rwanda était attaqué.
Pas seulement lui mais aussi la France ou encore les USA sont constamment attaqués parce qu’ils ne dénoncent pas assez les manoeuvres de Kagame via le M23.
Les autorités de Kinshasa sont ainsi catégoriques et ne veulent pas voir un autre Etat se rapprocher du Rwanda.
Mais, sur les médias sociaux, les autorités congolaises sont prises en partie par les Congolais eux-mêmes. Ces derniers demandent à Kinshasa de résoudre ses problèmes à l’interne plutôt que de s’attaquer aux autres pays qui sont souverains.
« Finalement, on va convoquer tout le monde qui visite le Rwanda. Concentrons-nous pour vaincre ces aventuriers du M23 sur notre sol », réagit Elly Mwebembesi.
Puis, à un autre de rétorquer : « Il ne nous est pas interdit de nouer des relations avec les autres pays. Pourquoi nous devons être frustrés parce que nos voisins ont de bonnes relations. C’est quelle politique, ça », s’interroge le Congolais Mwanga.
Charles Mapinduzi
