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Guerre du M23 : « Il faut dialoguer, car il ne s’agit pas d’un problème entre Kagame et Tshisekedi mais entre frères » (William Ruto)

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La République démocratique du Congo est-elle la seule à voir différemment les faits dans le dossier M23? Car, pour Kinshasa, les agresseurs du Congo sont un groupe armé pro-rwandais dans lequel la présence de l’armée et des équipements rwandais sont entièrement prouvés. Et, au regard des actions cruelles sur le terrain, le gouvernement congolais les a qualifiés d’un mouvement terroriste.

Cependant, en dehors des frontières nationales, la version est bien différente. A quelques exceptions près, le Rwanda est très rarement cité par des organisations régionales et internationales.

Peut-être est-ce même pour cela que les sanctions tant sollicitées par le régime de Kinshasa ne sont jamais venues, ni de l’ONU, de l’UE ni de l’Union africaine. Les USA ou encore le France qui, parfois, pointent du doigt Kigali, le font avec peu d’insistance que cela passe au sein de l’opinion congolaise comme de l’hypocrisie.

En séjour à Washington le jeudi 23 mai dernier, le président kenyan William Ruto est encore revenu sur le dossier. Et, sans se cacher, il s’est mis, comme le disent certains Congolais, à « jouer le jeu du Rwanda » en l’innocentant.

Pour lui, le M23 est un groupe armé congolais et qu’il ne s’agit pas d’un problème entre Kagame et Tshisekedi mais entre frères congolais. Il renchérit ainsi que les solutions à trouver pour résoudre la crise doivent être trouvées entre Congolais. Il avance que le régime de Kigali n’y est pour rien et que tout est en train d’être fait dans le cadre de mettre en place un dialogue, parce qu’il n’y aura pas de solution militaire au conflit.

« J’ai récemment dépêché mon ministre des Affaires étrangères à Kinshasa, et d’ici peu, nous allons voir comment commencer le dialogue sous le processus de Nairobi. Nous croyons qu’il n’y a pas de solution militaire dans l’est de la RDC », a-t-il dit.

En République démocratique du Congo, on se demande si les autorités jouent réellement franc-jeu pour ce qui est de cette question. Certains sont ceux qui pensent que tout a peut-être déjà été dit, sauf la vérité. Car, plus de 2 ans après la réapparition de la rébellion dans l’est, les dirigeants congolais continuent de souffler le chaud et le froid alors que les vies des Congolais en dépendent.

Des critiques s’en prennent notamment au régime, le jugeant pour sa décision d’avoir hébergé le M23 dans des hôtels luxueux de Kinshasa, de l’avoir nourri et de l’avoir supporté 14 mois durant, entre 2019 et 2021. Autrement dit, le régime Tshisekedi est pointé d’un doigt accusateur d’avoir ressuscité ce groupe armé défait par Joseph Kabila en 2013.

Ces jours, le gouvernement congolais considère le M23 comme terroriste et rwandais et refuse de se retrouver sur une même table avec lui. Une position qui serait légitime si, sur le terrain, des avancées étaient notées. Pourtant, l’ennemi continue de s’emparer des territoires, obligeant des civils innocents à fuir et à mener des conditions inhumaines dans des camps, près de Goma et ailleurs.

Peu avant, William Ruto s’est livré à Jeune Afrique et est revenu sur l’hypocrisie du régime de Kinshasa. A l’en croire, au cours d’une rencontre entre chefs d’Etat, la partie congolaise a affirmé que le M23 était fait de Congolais alors qu’à l’opinion publique congolaise, elle explique que le mouvement est fait des terroristes rwandais.

« En tant que chefs d’Etat, lors d’une réunion, nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe, sont-ils des Rwandais ou des Congolais? Et la RDC nous a dit : ce sont des Congolais. Fin débat. Si ce sont des Congolais, comment est-ce que cela devient un problème du Rwanda? Comment est-ce que cela devient un problème de Kagame », a déclaré William Ruto.

Partant de ces affirmations, des Congolais estiment que ce sont les autorités congolaises qui ont donné de la matière à la Communauté internationale, matière qui vient innocenter Paul Kagame.

On se souvient que le Kenya de Ruto est l’un de ces pays qui avaient accepté de se déployer des troupes en RDC sous le label EAC afin de combattre le M23.

Cependant, arrivées sur le terrain, au lieu de s’engager frontalement contre l’ennemi, elles ont été observatrices, de sorte que la RDC a été obligée de les renvoyer.

Des sources internes au sein de cette force régionale avançaient que les responsables de l’EAC avaient été mis au courant que le régime Tshisekedi avait pris des compromis avec le M23, compromis qui n’avaient pas été honorés par Kinshasa et qui avaient encouragé la rébellion à reprendre les armes. A en croire ces indiscrétions, l’EAC avait alors estimé que le problème devrait être réglé par des voies autres que le recours aux armes.

Aujourd’hui, la SADC déployée après l’EAC est également inopérante alors que son mandat est aussi offensif. Des observateurs s’interrogent sur cette attitude et estiment toujours que c’est Kinshasa qui a réconforté le M23 dans sa position actuelle, de manière que les forces régionales refusent de l’affronter.

« L’EAC a demandé à la RDC de négocier avec le M23 », a dit William Ruto avant de renchérir : « Même la SADC se pose aujourd’hui des questions : devrons-nous déployer plus de troupes ou devrons-nous déployer plus de gens pour s’engager dans le dialogue, consultation, négociation ».

Que fait-on donc? La République démocratique du Congo est catégorique : il n’est pas question de négocier avec un groupe armé rwandais. Mais, en même temps, elle ne parvient malheureusement pas à libérer les parties de son territoire qui sont sous le contrôle de l’ennemi.

Charles Mapinduzi

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