Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers le Palais du peuple où se tient la table ronde sur l’état de siège. Les yeux de la plupart, essentiellement les ressortissants du Nord-Kivu et de l’Ituri, sont maintenant rivés sur Félix Tshisekedi, lui qui a la latitude de mettre fin à sa mesure dont les retombées sont décriées depuis plus de 2 ans.
Que va-t-il donc faire ? Va-t-il prendre l’option de lever, maintenir ou requalifier la mesure? Ou va-t-il de nouveau jouer au jeu de cache-cache ? Lui seul détient la réponse dans sa poche. Cependant, toute décision allant dans le contre-sens de l’entente de ses compatriotes pourrait vite devenir une vraie épine sous ses pieds, surtout à ce stade où il lorgne de nouveau sur le fauteuil présidentiel après 2023.
Plus de 2 ans après, tous les violons s’accordent maintenant que l’état de siège est un échec patent. Au lieu d’apporter la paix dans les zones fortement insécurisées, la mesure de Félix Tshisekedi a plutôt facilité les violences armées. Pas seulement l’opposition, par exemple à travers Corneille Nanga qui s’est exprimé sur la question, mais aussi des animateurs des institutions dont Julien Paluku, ministre congolais de l’industrie, qui a d’ailleurs tranché : « Il faut simplement mettre fin à l’état de siège ».
L’ex-gouverneur du Nord-Kivu rappelle que l’état de siège a déjà été « assiégé » et qu’il n’y a plus aucune raison de le maintenir alors qu’il a déjà perdu de toute sa superbe.
« C’est avec l’état de siège que le M23 a refait surface avec la prise de Bunagana le 13 juin, soit 13 mois et 10 jours après l’instauration de cette mesure. C’est pendant l’état de siège que les territoires de Rutshuru et Masisi sont occupés dans leur majeure partie par le M23 avec des massacres dont le bilan dépasse 1000 morts. C’est pendant l’état de siège qu’il s’observe la prolifération des groupes armés en Ituri et au Nord-Kivu au point d’en dénombrer maintenant plus de 200 », mentionne le ministre congolais.
Au cours de la même période, l’on a assisté à la flambée des conflits fonciers, suscitant ainsi le réflexe de l’autodéfense de part et d’autre. Des cimetières sont profanés, des concessions et bâtiments publics sont spoliés à grande échelle.
Tout compte fait, il ressort que l’état de siège a plutôt été malmené. Les groupes armés ont eu raison de lui. Par exemple, ses animateurs dans les territoires de Rutshuru et Masisi et même une partie de Nyirangongo, au Nord-Kivu, ont été chassés par le M23. Dans l’Ituri, nombreuses parties sont devenues inaccessibles à cause de l’activisme des milices dont la CODECO.
Selon un monitoring de la société civile, le décompte macabre a dépassé les 6700 morts en seulement 2 ans, un record jamais atteint depuis le début de l’insécurité dans la contrée. Au propre comme au figuré, l’état de siège a vachement échoué et n’attend qu’à être levé pour céder place à des méthodes plus contraignantes.
Car, le retour de la paix dans la partie orientale est une urgence et une nécessité. D’ailleurs, la notoriété de Félix Tshisekedi en dépend entièrement, lui qui avait promis qu’il ne se sentirait président de la République que quand la paix serait revenu dans l’est.