Félix Tshisekedi a-t-il décidé de changer le narratif face à la rébellion pro-rwandaise qui secoue le Nord-Kivu ?
Dans un premier temps, le chef de l’Etat congolais a développé un discours tout à fait hostile au M23 et au gouvernement rwandais qu’il accuse d’être à la manœuvre déstabilisatrice.
Sans mâcher les mots, Tshisekedi demandait aux Congolais de le prendre aux mots, car, disait-il alors, il était prêt à engager une guerre directe contre le Rwanda si les provocations de Kigali persistaient contre le Congo.
Mais, à la question d’un journaliste lors d’une conférence de presse tenue il y a quelques jours en direct de la RTNC, le président congolais a défendu que ses propos sur le Rwanda étaient bellicistes et qu’il y renonçait parce qu’épris de paix.
Puis, en séjour à Luanda (Angola) le mardi 27 février dernier, le successeur de Kabila a donné son accord de rencontrer Kagame dont il disait qu’il ne parlerait qu’au ciel. Même si avançant quelques préalables, Tshisekedi n’est plus trop radical face à l’idée de dialoguer avec le président rwandais.
Pendant ce temps, l’ennemi n’a toujours pas désarmé. Lui qui contrôle plusieurs entités à Rutshuru, Masisi et même Nyirangongo continue d’envier de nouvelles localités.
La cité de Sake et la ville de Goma sont toujours sous menace et la crise humanitaire est devenue criante et très alarmante. Les déplacés qui sont coincés dans leurs camps vivent sans eau ni nourriture, sans médicaments ni habits, sans couvertures et vivent sous le froid.
Au moment même où le pays attend du gouvernement congolais une offensive foudroyante pour sauver les Congolais victimes des atrocités, Félix Tshisekedi semble compter sur les sanctions de la Communauté internationale alors que celle-ci n’a pas arrêté d’insister que la seule voie raisonnable pour résoudre la crise, c’est le dialogue avec le M23.
En Belgique où il est arrivé le mercredi dernier, le chef de l’Etat congolais s’est livré à la presse. Lui qui n’a pas réussi à chasser les assaillants par les armes et qui refuse de négocier demande à l’Occident de sanctionner le régime de Kigali pour faire reculer Kagame dans ses démarches bellicistes.
« [Auprès de la Belgique, concernant le Rwanda, nous avons demandé] des sanctions. C’est la seule chose qui pourra faire reculer le dictateur Paul Kagame« , a-t-il laissé entendre.
Le président congolais se sent-il au bout et n’attend-il que le secours auprès de la Communauté internationale de qui il attend des sanctions ? La position des USA, de la France, de la Belgique, de l’ONU, de l’UA est clairement déjà exprimée, pourtant : il faut dialoguer pour mettre fin à la guerre. Tshisekedi y obtempérera-t-il? Wait and see
Charles Mapinduzi
